Maître du lyrisme romantique et chantre de l'amour, de la nature et de la mort, Alphonse de Lamartine marque une étape importante dans l'histoire de la poésie française avec sa musique propre. En effet "La révolution française de la poésie peut être datée des Méditations poétiques de Lamartine : cette mince plaquette […] eut un effet à la fois détonant et fondateur dans la redéfinition lente de la poésie à laquelle procède le XIXe siècle". Lamartine, admiré par Hugo, Nodier ou Sainte-Beuve, disait de la poésie qu'elle était "de la raison chantée" et retrouva les accords d'un langage enthousiaste, c'est-à-dire d'une possible communion avec Dieu. La poésie est chant de l'âme.
Si ses élégies restent dans la lignée de celles de Chénier, Bertin ou Parny, ses méditations et ses poèmes métaphysiques (notamment "La Mort de Socrate" et "Le Désert") sont le résultat d'une expérience nouvelle, qui ont pu faire dire à Rimbaud que "Lamartine est quelquefois voyant, mais étranglé par la forme vieille."(Lettre du voyant.)
L'immense œuvre — 127 volumes — propose parfois des textes moins reconnus (poèmes de circonstances par exemple ou de nombreux textes du Cours familier de littérature), mais on y reconnait le plus souvent l'expression d'un artiste, pour qui la poésie est "l'incarnation de ce que l'homme a de plus intime dans le cœur et de plus divin dans la pensée."
Il restera comme le grand restaurateur de l'inspiration lyrique. La beauté de cette poésie suppose donc la profonde sympathie de son intime lecteur : "La phrase fait secrètement entendre ce qu'elle fait discrètement voir et ressentir. Quiconque la murmure se substitue à celui qui l'inventa et se met à confondre les automnes de son âme avec ceux de la nature car ils sont signes de la déploration qu'il y a en Dieu. / Telle aura été la visitation de Lamartine."